Ukraine, le Soldat disparu

Un film de Frédéric Gonseth et Catherine Azad  
Documentaire TV, 2023, 76 min.
Langues : français-anglais-russe-ukrainien – sous-titres français-anglais-allemand-ukrainien

Synopsis
En octobre, nous roulons avec nos plaques suisses vers Kobeliaki, une bourgade paysanne à mi-chemin entre Kiev et le Donbass.

Nous y avons nos connaissances, nos amitiés, nouées à la veille même de l’indépendance il y a trente ans. Et nos obsessions : les déportés ukrainiens, les prisonniers de guerre soviétiques. Ceux de la Seconde Guerre mondiale tombés aux mains des nazis nous ont poursuivis pendant des années. La seule manière d’apaiser ces millions de fantômes était, croyions-nous, de leur consacrer un ou deux films. Et puis la musique a pris le relais, les voix dénichées dans les chaumières de la province de Poltava, la splendeur du chœur populaire Kalena, avec deux films, 4 CD et une demi-douzaine de tournées en Suisse…

Mais cette fois, nous ne courons plus après elle, c’est l’Histoire elle-même qui nous attend au seuil de la chaumière d’Olga. Sa voisine Iryna a perdu la trace de son fils, un policier reconverti en soldat deux ans avant l’invasion, et annoncé manquant durant le siège de Marioupol. Huit mois sans aucune nouvelle d’Olexandr Sergueyvitch, alors que le premier échange de prisonniers vient d’avoir lieu. Olga lui a parlé du CICR, elle sait que c’est un peu notre dada à nous les Suisses et que nous saurons pousser les recherches… Comment résister aux larmes d’Iryna ?

Nous partons nous renseigner. Auprès du CICR bien sûr. Avec une équipe de 600 personnes il achemine l’aide par semi-remorques aux quatre coins des zones sinistrées. Mais peine à enregistrer les prisonniers de guerre, et encore plus à les visiter. Début avril à Marioupol, il n’a pu accéder à ceux de l’usine Illitch. Et la dernière chose que le fils a pu lui dire à sa mère Iryna en mars, c’est qu’il était retranché dans un sous-sol d’Illitch.

A Kobeliaki, les femmes du marché se mobilisent. En un éclair, nous avons les adresses des familles de prisonniers de guerre du district. Notre tout-terrain slalome entre les nids-de-poule sur les routes des hameaux où nous attendent Victorya, l’épouse infirmière qui a quitté Marioupol enceinte et a donné naissance à une fille, et puis Marharita, la paysanne dont le fils a pu être enregistré par le CICR mais n’a plus donné signe de vie depuis mai.

Et bientôt s’annoncent les premiers retours de prisonniers de Kobeliaki et leurs saisissants récits de captivité. Et nous filerons à Kiev assister à la manifestation des épouses et des mères de prisonniers de guerre sur la Place Maïdan, au grand défi de la loi martiale. Et nous accéderons même à des prisonniers russes qui nous raconteront leurs moments les plus …difficiles.

L’Ukraine des campagnes sous les sirènes, les coupures de courant, les enterrements drapés de jaune et bleu, l’acharnement émouvant des mères et des épouses : ainsi naît un portrait décalé de ce pays en souffrance, mais d’une étonnante résilience, se découvrant capable de cohésion militaire tout en restant terriblement attaché à une démocratie en germe, celle-là même que le grand voisin est venu lui ravir.

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