Botiza
Un film de Frédéric Gonseth & Catherine Azad
Documentaire de cinéma, 99 min., 2012
Il existe, au cœur du poumon vert de l’Europe, une région où les gens vivent en marge de notre époque et de son système marchand. Dans les Carpates roumaines, un grand nombre de paysans ne travaillent pas pour l’argent, juste pour leurs propres besoins. Leurs gestes et leurs outils sont les mêmes que ceux en vigueur dans les campagnes suisses au XVIe siècle. Chronique d’un village où tout se fait par le cheval, au moment où la modernité fait irruption.
Synopsis
Les chevaux de travail freinent de toutes leurs forces un gigantesque char de foin dans la pente, lacèrent la terre, débardent les troncs d’arbres : ils sont l’énergie du village, on les voit partout.
Grâce à eux, bien qu’il n’y ait plus aucune mine, aucune carrière ou exploitation forestière qui fournissent du travail, les habitants de Botiza ne dépendent de personne pour se nourrir et même pas du cours du pétrole. Contrairement aux autres pays de l’Est, la vie dans cette province des Carpates roumaines est restée intacte. Les chevaux sont encore là, les femmes filent, teignent et tissent la laine de leurs moutons, le dimanche le village tout entier se rend en costume traditionnel à la messe et les anciens transmettent aux jeunes l’art d’élever le poulain, de manier la charrue, de faire pousser la pomme de terre et le maïs sans produits chimiques... Malgré l’irruption de la télévision et du téléphone portable, les gens n’ont pas renoncé au plaisir de se retrouver dans la rue pour parler, jouer aux cartes, faire sonner un violon ou une flûte endiablée sous des doigts noueux. Pourtant, la vie dans la campagne européenne avant l’arrivée de la mécanisation était tout sauf facile, et les efforts demandés aux chevaux sur les pentes escarpées de Botiza expriment bien cette situation contradictoire.
Pas de marché : pas de confort – mais la vie a un autre goût, plus prononcé, que celle des citadins ou des rares paysans de l’Ouest juchés sur leurs tracteurs, un casque sur les oreilles...
Le village de Botiza au coeur de cette idylle dégage néanmoins un calme trompeur. En souterrain, il est travaillé par des forces irrésistibles. Dans les quatre familles suivies de saison en saison, les jeunes se posent tous la question de leur avenir, alors que jusque-là, les enfants n’avaient jamais imaginé quitter la ferme. L’émigration est en projet ou en fait. L’attrait des rues de Paris ou les quelques euros gagnés dans les cultures maraîchères industrielles des bords du Rhin, suffiront-ils à rompre le lien avec le village natal, à transformer Botiza en village de vieillards obligés de se séparer de leurs chevaux parce qu’ils ne peuvent plus courir sur les pentes escarpées y récupérer le foin des meules ?
Ici le cordon ombilical qui relie l’homme à la nature n’a pas encore été rompu, mais paradoxalement, à Botiza, où l’on vit et produit de manière plus « biologique » qu’aucun village occidental, les chevaux auront disparu avant que l’Europe ne songe à sauver son « poumon vert », sa petite Amazonie !
"C’est très beau, un vrai poème épique, avec de nombreuses belles images. L’idée de filmer le tout en 4 saisons est forte et essentielle. J’ai surtout aimé tous les plans à l’extérieur, dans le village, dans les champs et dans la forêt, leur beauté. Tout le rapport aussi avec les animaux, les chevaux surtout. Ca commence très joliment avec ces plans fixes devant le mur et la maison et toute cette vie qui traverse l’image. Très belle idée, que tu as réutilisé une deuxième fois plus tard. C’est très poétique et une belle reflexion sur le temps qui passe, sur l”’éternité” de ces moments-là. La musique est très belle aussi et le rapport entre la musique off et celle jouée en direct par les paysans eux-mêmes. Magnifique ce que tu as filmé dans l’église et autour en rapport avec la réligion, et puis ces scènes impressionnnantes à la fin autour de la femme morte, les deux “pleureuses” et l’enterrement. Inoubliable. Et puis toutes ces histoires de mariages et d’enfants. Particulièrement touchant cette fillette qui pleure le départ de ses parents. Et puis leur retour. Très émouvant comment la petite est là sur le chemin, seule, à la fin. Là, on voit dans l’image, sans un mot, tout ce qu’elle ressent à ce moment là. C’est très fort. Drôle aussi ces touristes suédois qui viennent regarder les temps anciens, les coutumes et le travail des paysans, toutes ces choses qui sont en train de disparaître en Occident. Ca toujours été l’apport du cinéma documentaire, son importance capitale, préserver, mémoriser et rendre hommage à la culture dans le sens le plus large du terme, notre travail, tout simplement, sur la vie et la mort. Un film exemplaire".
Les chevaux de travail freinent de toutes leurs forces un gigantesque char de foin dans la pente, lacèrent la terre, débardent les troncs d’arbres : ils sont l’énergie du village, on les voit partout.
Grâce à eux, bien qu’il n’y ait plus aucune mine, aucune carrière ou exploitation forestière qui fournissent du travail, les habitants de Botiza ne dépendent de personne pour se nourrir et même pas du cours du pétrole. Contrairement aux autres pays de l’Est, la vie dans cette province des Carpates roumaines est restée intacte. Les chevaux sont encore là, les femmes filent, teignent et tissent la laine de leurs moutons, le dimanche le village tout entier se rend en costume traditionnel à la messe et les anciens transmettent aux jeunes l’art d’élever le poulain, de manier la charrue, de faire pousser la pomme de terre et le maïs sans produits chimiques... Malgré l’irruption de la télévision et du téléphone portable, les gens n’ont pas renoncé au plaisir de se retrouver dans la rue pour parler, jouer aux cartes, faire sonner un violon ou une flûte endiablée sous des doigts noueux. Pourtant, la vie dans la campagne européenne avant l’arrivée de la mécanisation était tout sauf facile, et les efforts demandés aux chevaux sur les pentes escarpées de Botiza expriment bien cette situation contradictoire.
Pas de marché : pas de confort – mais la vie a un autre goût, plus prononcé, que celle des citadins ou des rares paysans de l’Ouest juchés sur leurs tracteurs, un casque sur les oreilles...
Le village de Botiza au coeur de cette idylle dégage néanmoins un calme trompeur. En souterrain, il est travaillé par des forces irrésistibles. Dans les quatre familles suivies de saison en saison, les jeunes se posent tous la question de leur avenir, alors que jusque-là, les enfants n’avaient jamais imaginé quitter la ferme. L’émigration est en projet ou en fait. L’attrait des rues de Paris ou les quelques euros gagnés dans les cultures maraîchères industrielles des bords du Rhin, suffiront-ils à rompre le lien avec le village natal, à transformer Botiza en village de vieillards obligés de se séparer de leurs chevaux parce qu’ils ne peuvent plus courir sur les pentes escarpées y récupérer le foin des meules ?
Ici le cordon ombilical qui relie l’homme à la nature n’a pas encore été rompu, mais paradoxalement, à Botiza, où l’on vit et produit de manière plus « biologique » qu’aucun village occidental, les chevaux auront disparu avant que l’Europe ne songe à sauver son « poumon vert », sa petite Amazonie !
"C’est très beau, un vrai poème épique, avec de nombreuses belles images. L’idée de filmer le tout en 4 saisons est forte et essentielle. J’ai surtout aimé tous les plans à l’extérieur, dans le village, dans les champs et dans la forêt, leur beauté. Tout le rapport aussi avec les animaux, les chevaux surtout. Ca commence très joliment avec ces plans fixes devant le mur et la maison et toute cette vie qui traverse l’image. Très belle idée, que tu as réutilisé une deuxième fois plus tard. C’est très poétique et une belle reflexion sur le temps qui passe, sur l”’éternité” de ces moments-là. La musique est très belle aussi et le rapport entre la musique off et celle jouée en direct par les paysans eux-mêmes. Magnifique ce que tu as filmé dans l’église et autour en rapport avec la réligion, et puis ces scènes impressionnnantes à la fin autour de la femme morte, les deux “pleureuses” et l’enterrement. Inoubliable. Et puis toutes ces histoires de mariages et d’enfants. Particulièrement touchant cette fillette qui pleure le départ de ses parents. Et puis leur retour. Très émouvant comment la petite est là sur le chemin, seule, à la fin. Là, on voit dans l’image, sans un mot, tout ce qu’elle ressent à ce moment là. C’est très fort. Drôle aussi ces touristes suédois qui viennent regarder les temps anciens, les coutumes et le travail des paysans, toutes ces choses qui sont en train de disparaître en Occident. Ca toujours été l’apport du cinéma documentaire, son importance capitale, préserver, mémoriser et rendre hommage à la culture dans le sens le plus large du terme, notre travail, tout simplement, sur la vie et la mort. Un film exemplaire".
Richard Dindo